Michel Onfray : avec le concile Vatican II… on tourne le dos à Dieu

Il faut reconnaître que Michel Onfray est un homme courageux : de nos jours, bien peu peuvent se prévaloir de tenir tête à la tyrannie de l’opinion des médias pour défendre une pensée rationnelle. Cependant, nous ne parvenons pas à comprendre comment le philosophe se revendique à la fois de ces deux branches ennemies de la modernité que constituent d’une part le socialisme égalitariste et d’autre part le nietzschéisme élitiste. En fin de compte, ce philosophe anti-catholique ne serait-il pas – comme cette conférence le laisse penser – un enfant perdu du christianisme, victime des curés modernistes de Vatican II, qui abrogent la transcendance et l’équilibre du monde pour se rallier – comme Saroumane se rallie à Sauron – à l’immanence des droits de l’homme ? Ne cherche-t-il pas désespérément à concilier, sur un autre mode la synthèse chrétienne harmonieuse entre égalité dans l’ordre de l’être et hiérarchie dans l’ordre moral ?

La conférence de Michel Onfray

« La transcendance nous pousse dans l’intimité de ce qui est. »

Je crois que la transcendance, c’est ce qui nous pousse dans l’intimité de ce qui est. Donc il y a de la transcendance dans la construction d’une mouche, dans la construction d’une fleur, d’un brin d’herbe, parce qu’il y a une espèce de mécanisme, d’agencement cosmique, qui est partout présent, et qui effectivement peut susciter une spiritualité. Donc je pense que les religions rendent possibles les civilisations.

« Notre civilisation est judéo-chrétienne […] même quand elle se constitue contre. »

C’est une bêtise de dire que notre civilisation n’est pas judéo-chrétienne. Évidemment, elle l’est ! Y compris quand elle cesse de l’être (judéo-chrétienne). Elle l’est à partir du judéo-christianisme, elle se constitue contre : se constituer contre, c’est faire avec et c’est composer.

Et il a un moment donné où on voit bien ce que la transcendance est devenue. Et par exemple regardez les… je parlais tout-à-l’heure de la Sacrada familia qui ne parvient pas à être terminée… bien, ce n’est pas étonnant quand on lit les Actes du Concile de Vatican II : effectivement, il n’y a plus de place pour la transcendance ; c’est purement formel, mais on enlève toute la transcendance.

La transcendance avant Vatican II

Moi j’étais gamin quand j’ai vu les effets de Vatican II à la messe. C’est à dire :

  • Il y avait les garçons et les filles d’un coté,
  • Il y avait le prêtre qui tournait le dos à l’assemblée et qui officiait face au tabernacle, c’est à dire vers le Soleil levant. Ça faisait sens : c’est à dire vers le lieu de la Lumière. On attendait la lumière parce que le Christ était lumière. Et donc, plus on était dans le fond de l’église — du coté de la porte — , plus on était dans le profane. Donc le prêtre s’adressait à Dieu et il était l’intercesseur de ses ouailles, qui étaient derrière lui, mais tout le monde dans le même sens…

Le concile Vatican II abolit la transcendance

D’un seul coup on dit : « non non non ! », on change tout ça :

  • On installe l’autel au milieu du chœur, on laisse le tabernacle, et on fait la messe en tournant le dos à Dieu ! Matériellement on tourne le dos à Dieu ! c’est à dire : le tabernacle est derrière.
  • Et puis on parle aux gens.
  • Et puis les hommes sont mélangés avec les femmes.
  • Et puis on dit : « Bon maintenant, la musique, elle n’a plus besoin d’être sacrée ». D’où la guitare de La vie est un long fleuve tranquille : « Jésus, Jésus… ».
    Le curé qui s’habille en jean.
  • Moi on me dit un jour : « Notre Père qui êtes aux Cieux… » – « Non non ! Maintenant on tutoie, on tutoie Dieu ».
  • On ne parle plus en latin, etc.

C’est à dire que c’est l’Église qui d’un seul coup dit :

  • « On n’a plus besoin de sacré. Le sacré est dans l’immanence »,
  • « On n’a plus besoin de transcendance. La transcendance est dans l’immanence ». Signe qu’effectivement on avalise l’évidence de ce que la civilisation nous dit : « Nous avons perdu le sens du sacré judéo-chrétien »

Donc, c’est ainsi et ça ne se reconstitue pas ;ça ne se replâtre pas : c’est une espèce de santé perdue. Une santé perdue ne se recouvre pas.

Note de la rédaction

Nous aurions pu ajouter bien d’autres trahisons envers le sacré par l’Église conciliaire :

  • Relégation du tabernacle (demeure au moins symbolique de Dieu[modern_footnote]Dieu est partout, dans la moindre créature En effet, en tant qu’Il est Celui qui donne l’existence à tout être, Il est présent dans tout être.[/modern_footnote]) dans le transept, ou coté de l’Église : on met clairement Dieu de coté, ce n’est plus lui le centre d’intérêt.
  • Profanation de Dieu/Hostie lors de la communion dans la main. En effet, seules les mains du prêtre sont consacrées et peuvent acheminer symboliquement et physiquement Dieu jusqu’au cœur du fidèle.
  • Profanation des églises avec des spectacles licencieux. Irrespect de la présence réelle de Jésus-Hostie dans le tabernacle.
  • Oubliant l’ordre du Christ, le clergé cesse d’annoncer l’Évangile au monde pour s’aligner sur les droits de l’homme, cette machine de guerre révolutionnaire destinée à remplacer la loi naturelle.