Sainte-Anne d’Auray, 29 septembre, 9 heures. Au pied du monument du comte de Chambord, Pierre Bodin, président de l’Union des cercles légitimistes de France, est revenu sur les 40 ans de l’UCLF. Secrets de longévité d’un mouvement !
L’Union des cercles légitimistes de France fête cette année son quarantième anniversaire. Pour un mouvement politique — je dis bien un mouvement et non un parti —, c’est une durée remarquable. Fouillez dans vos mémoires, regardez la presse de ces quarante dernières années, consultez Internet, et vous constaterez que le nombre de mouvements, partis, associations ayant disparu durant cette même période est impressionnant ! Nous pouvons donc être légitimement fiers de l’UCLF.
Cependant, si nous voulons que l’Union continue son chemin, sa progression, il est utile de réfléchir aux causes de ce succès. Une association politique doit reposer sur au moins quatre piliers : un objectif clairement défini, une doctrine, une organisation solide et une bonne communication. Les quatre sont indispensables, mais ils le sont dans cet ordre.
Savoir où l’on va
Il serait vain d’adhérer à un mouvement ou à une association sans en connaître le but. Pour des catholiques souhaitant s’investir en politique, il ne suffit pas de réciter son catéchisme et d’affirmer haut et fort : « Nous voulons la royauté sociale de Notre Seigneur. »
Ce désir est bien le nôtre, ce désir est juste, mais il ne peut rester à l’état de vaines incantations. Les catholiques français doivent aller plus loin : « Nous voulons la royauté sociale de Notre Seigneur… Oui ! Et voici la solution que nous proposons pour la rétablir ! »
Il nous faut en effet trouver et annoncer un système qui respecte l’ordre naturel divin et, si possible, qui a déjà fait ses preuves. Entre la république et la monarchie, il n’y a pas à hésiter.
Mais la révolution s’est infiltrée partout ! Nous devons encore préciser si nous défendons une monarchie marquée par l’idéologie libérale… ou une monarchie fidèle aux promesses renouvelées à Reims, à chaque sacre.
Voyez que, à ce stade, nous avons déjà mis hors course nombre de mouvements, notamment tous ceux qui, sous prétexte de rassembler, d’élargir leur base, rabaissent leurs objectifs, mais aussi édulcorent leur doctrine.
Savoir qui l’on est !
Dans un deuxième temps, l’association doit consolider sa doctrine, une doctrine bien entendu compatible avec son objectif. Elle doit ensuite la diffuser. Cependant attention, les Grecs nous avaient prévenus : quand il s’agit de politique, chacun s’estime capable de donner des leçons et veut imposer son point de vue à tous. Pourtant, la politique ne relève pas de l’inné, de la science infuse… Son apprentissage demande un travail soutenu, des efforts qui rebutent souvent les orgueilleux et les paresseux.
La doctrine n’est pas un programme politique. Elle n’est pas rigide mais elle n’est pas non plus variable. Elle est perfectible. Le programme, lui, a un aspect pragmatique. Seule une solide connaissance de la doctrine permet de construire un bon programme. Sans doctrine, l’association est sujette à toutes les dérives, elle est un bateau qui ne retrouve plus son port.
Pour permettre à tous de ne pas perdre de vue la finalité de l’action, pour mettre en commun des moyens financiers, des outils de formation, pour stimuler les compétences… il est évidemment nécessaire de disposer aussi d’une structure.
Savoir agir ensemble
Quelle que soit sa dimension, le mouvement politique doit appliquer pour lui-même les principes qu’il énonce dans sa doctrine. Par exemple, s’il défend le principe de subsidiarité, il doit le respecter dans sa structure. La structure est nécessaire, presque naturelle… Elle est une force, un garde-fou contre l’anarchie. Elle évite de tomber dans le combat, toujours limité, des francs-tireurs.
En outre, l’exemple d’une bonne structure, même si ce n’est sans doute pas à court terme une mesure suffisante, permet de réapprendre à certains Français le sens de la hiérarchie, des responsabilités. Par elle-même, une bonne structure permet de préparer l’avenir sur des bases solides. Comme les bonnes institutions, elle permet d’assurer la pérennité du mouvement en cas de querelles intestines, de démission ou de décès des responsables.
La structure permet enfin la diffusion de la pensée, de la doctrine, par le biais d’une communication renforcée et le plus efficace possible.
Savoir se faire connaître
Une bonne maîtrise de la communication est nécessaire pour faire connaître l’existence de la doctrine à ceux qui découvrent ou partagent plus ou moins l’objectif du mouvement. La communication est avant tout au service de la doctrine. Elle n’est pas une fin en soi. Vouloir communiquer sans avoir fait l’effort d’acquérir une bonne connaissance de la doctrine, c’est « tromper le client », c’est vide d’intérêt et de sens.
J’ai évoqué les cimetières des associations disparues six mois, un an, deux ans après leur création. Dans le petit monde légitimiste, la plupart de ces associations avaient misé sur la communication, seulement sur la communication.
La diffusion de notre doctrine hors de cercles restreints est cependant nécessaire, indispensable. Cela nécessite pour nous des efforts (encore une fois pour se former), mais aussi du courage, parfois celui de nous découvrir, de dévoiler notre pensée qui est de plus en plus à contre-courant des idées du monde. Alors courage !
Et le meilleur moyen de lutter contre la Révolution ?
À l’UCLF, maintenons l’objectif, cet objectif que le fondateur de La Gazette Royale rappelait lors du 10e anniversaire de l’UCLF, cet objectif qui est toujours le nôtre aujourd’hui et que La Gazette Royale a republié pour le 40e anniversaire de notre mouvement.
Pour mieux nous défendre contre les idéologies révolutionnaires, approfondissons toujours et encore notre connaissance de la doctrine légitimiste. Méfions-nous de ceux qui, négligeant toute réflexion sérieuse, profitent d’une actualité désastreuse pour essayer de nous recruter afin de faire nombre. Rappelons-nous que si la maison est en feu, il ne sert presque à rien d’essayer d’éteindre les foyers secondaires ; mieux vaut s’attaquer directement au foyer principal, c’est-à-dire, pour nous, à la démocratie, à la Révolution.
Ne perdons jamais de vue le bien commun…
Et soyons certains que le meilleur moyen de lutter contre la Révolution, c’est de travailler à rebâtir le royaume de France.
Vive la monarchie ! Vive le roi !