Message de Louis XX aux membres de l’USL 2022
SOURCE : le site legitimite.fr
Chers Amis de l’Université Saint-Louis,
Vous voilà réunis pour une semaine de travail au moment où beaucoup se reposent. Vous sacrifiez un peu de votre temps pour apprendre et comprendre. Vous êtes des sentinelles de la pensée. Soyez en remerciés. Votre démarche mérite non seulement tous mes encouragements mais encore plus toutes mes félicitations.
Celles-ci s’adressent aussi aux organisateurs de l’Université Saint-Louis qui préparent avec une grande attention chaque session annuelle. Réaliser chaque été, depuis plus de vingt ans maintenant, cette université est un grand succès de l’Union des Cercles Légitimistes de France et montre sa constance et sa rigueur dans le travail.
Dans une époque qui n’ose plus réfléchir de peur d’être confrontée à sa vacuité, vous osez, vous, relever le défi de la culture contre l’inculture ambiante ; le défi de la Vérité, contre l’erreur.
Celle-ci est partout présente : les informations sont tronquées et orientées, la connaissance historique objective bafouée, les faits cachés ou travestis au nom des idéologies perverses du moment, l’une chassant l’autre.
Heureux ceux qui peuvent maintenir des îlots de science et de savoir. Vous en faites partie et ainsi vous préparez le renouveau de demain. Par vos travaux et le sérieux avec lequel ils sont menés, vous écrivez l’avenir.
Le thème que vous avez choisi cette année, les religions politiques, est tout à fait à propos. En effet les fausses religions idéologiques sont avant tout politiques, il faudrait dire même politiciennes, car elles ne servent trop souvent que des intérêts très éloignés du bien commun. Fausses religions aussi parce qu’elles travestissent et s’attaquent au fait religieux et notamment à la religion catholique. Ces religions politiques, fausses par nature, sont le fondement de toutes les idéologies les plus pernicieuses dont nombres d’entre elles, au XXe siècle notamment, ont abouti aux totalitarismes les plus inhumains. Ces religions politiques mènent la plupart du temps à la mort qu’elle soit extermination, génocide, euthanasie, dévalorisation de la nature humaine. Cela dure depuis plus de deux siècles, depuis la complète inversion des valeurs qu’a été la Révolution française quand la vérité est devenue une variable ; quand le relativisme a envahi toutes les sphères de la pensée ; quand la transcendance a cessé de guider la politique.
Heureusement il y a toujours des êtres pour résister. Vous en êtes ! Tel est l’honneur de votre Université Saint Louis.
Je souhaite un plein succès à cette session 2022. Ne vous découragez pas. Formez-vous et ensuite soyez assez forts pour reconquérir par l’intelligence, la société qui manque cruellement de vraies valeurs et aussi du recul de la Sainte Religion puisque sans les enseignements du décalogue il est bien vain de vouloir établir une société politique juste.
Tel est notre devoir à tous. Plutôt que de se plaindre de l’inculture d’aujourd’hui, faisons nôtre la vraie culture du beau, du vrai et du juste. Celle de la culture française de toujours. La culture des quinze siècles d’histoire légués par tous mes aïeux dont la France peut être fière et que nous avons tous le devoir de transmettre.
Que Saint Louis vous assiste.
Louis de Bourbon
Duc d’Anjou
Télécharger gratuitement les Cahiers de l’Université Saint-Louis 2022
Les Cahiers de l’Université Saint-Louis constituent une synthèse annuelle des publications des cercles. Ils regroupent nombre de textes de combat pour promouvoir et défendre la doctrine politique originelle de notre pays, puisqu’en France les principes de la légitimité remontent à Clovis.
Les Cahiers de l’USL 2022 sont désormais téléchargeables en format PDF sur le site viveleroy.
Thème de l’Université : Les religions politiques
Les conférences de l’Université :
— Qu’entend-on par « religion politique » ?
— Rousseau, père de la religion civile (Contrat Social, IV, 8)
— Religions antiques et religions politiques
— La Révolution française : une révolution religieuse ?
— Gustave Le Bon et la manipulation des masses à l’âge démocratique
— Foi et symboles dans les religions politiques
— L’ère libérale : la fin des religions politiques ?
Problématique
Les sociétés occidentales laïcisées entretiennent de nos jours l’illusion d’un affranchissement complet à l’égard de toute forme de religion ; si certains continuent de cultiver des croyances diverses, ils tendent à se raréfier et ne font plus état publiquement de croyances définitivement renvoyées à la marge et dans le cadre privé. Ainsi, un sondage Ifop du 24 septembre 2021 consacrait officiellement la croyance en Dieu comme une opinion minoritaire en France et en diminution constante dans les sondages 1. L’entreprise progressive de séparation de l’Église et de l’État, initiée au XVIIIe siècle, semble avoir atteint un point culminant dans l’indépendance supposée de la politique à l’égard de toute norme éthique extérieure, au point que les religions subsistantes elles-mêmes adaptent largement leur discours moral aux nécessités politiques de circonstance. Cette soumission définitive des religions à la neutralité axiologique semble ainsi consacrer la supériorité de la modernité aux prétentions indûment rationnelles sur le « fait religieux » réduit au sentiment personnel. L’Europe serait enfin en passe de connaître le véritable âge d’or : la fin des religions.
Cette tendance générale semble pourtant aller à l’encontre de l’opinion du philosophe Henri Bergson, qui déclarait en 1932 :
On trouve dans le passé, on trouverait même aujourd’hui des sociétés humaines qui n’ont ni science, ni art, ni philosophie. Mais il n’y a jamais eu de société sans religion 2.
La prétention de rationalité pure de la société moderne, accompagnée par son corollaire, la séparation radicale entre le politique et le religieux, semble rendre caduque cette observation. Pourtant, cette société apparaît traversée couramment par de nombreux phénomènes et formules teintés d’une religiosité latente : les rassemblements politiques présentés comme des moments de « communion républicaine », les mandats comme un véritable « sacerdoce » ou encore l’abstention comme la « manifestation spectaculaire d’une crise de foi républicaine 3 ».
Loin d’être fortuites, ces résurgences d’un vocabulaire religieux a priori obsolète sont la marque d’une réincarnation de la religion, sous d’autres formes, au sein du corps politique lui-même : ainsi, l’historien Emilio Gentile remarque que « dans la société moderne, la sécularisation n’a pas donné lieu à une séparation définitive entre les sphères de la religion et du politique. Avec le développement des politiques de masse, les limites entre ces deux sphères ont souvent eu tendance à se confondre, et en ces occasions la politique a revêtu sa propre dimension religieuse. Parallèlement à ce mouvement de sécularisation au sein de l’État et la société, a eu également lieu une « sacralisation de la politique », qui a atteint son paroxysme dans les mouvements totalitaires du vingtième siècle. Le nazisme, le fascisme et le nationalisme romantique ont tous contribué de manière décisive à la « sacralisation de la politique » ; mais la démocratie, le socialisme et le communisme ont aussi collaboré à la naissance de nouveaux cultes séculiers 4. »
L’historien italien attribue ainsi à l’ensemble des doctrines politiques issues de la modernité la volonté de créer, pour reprendre ses propres mots, « une forme de religion qui, par la déification d’une entité séculière, sacralise une idéologie, un mouvement ou un régime politique. Cette entité séculière, transfigurée en mythe, se voit conférer le statut de source première et indiscutable du sens et de la fin de l’existence humaine 5. » C’est donc à l’étude de ces « doctrines qui prennent dans les âmes de nos contemporains la place de la foi évanouie et situent ici-bas, dans le lointain de l’avenir, sous la forme d’un ordre social à créer, le salut de l’humanité 6 », et auxquelles l’historien J.-P. Sironneau propose de donner le nom de « religions politiques 7 », que l’Université Saint-Louis consacrera ses efforts cet été.
À travers l’étude de ces phénomènes de la modernité, depuis leur première théorisation au livre IV du Contrat social de Rousseau et leur première application lors de la Révolution française, jusqu’à ses manifestations contemporaines à l’époque libérale ou dans le vieux rêve d’édification d’une « religion laïque » pour la République 8, en passant par les grandes manifestations religieuses que sont les grandes idéologies, l’université Saint-Louis s’attachera ainsi à démontrer le contenu philosophique positif des régimes modernes, leur ambition religieuse et leur volonté, pour reprendre les termes d’Emilio Gentile, de « remodeler l’individu et les masses en provoquant une révolution anthropologique qui doit aboutir à la régénération de l’être humain et à la création d’un homme nouveau 9 », et à proposer ainsi contre ce monde nouveau vieux comme le diable les armes intellectuelles, rhétoriques et pratiques nécessaires à la défense de nos sociétés.
Si éloignée des préoccupations pratiques que puisse sembler cette formation, elle est, ne nous y trompons pas, plus que jamais nécessaire ; en effet, la connaissance de ces religions politiques n’est pas l’apanage du seul légitimiste ou de l’intellectuel curieux. Elle est un devoir et une nécessité pour tous ceux qui, dans ce qui constitue aujourd’hui une véritable guerre de religion où la neutralité est moins que jamais possible, souhaitent défendre une société ordonnée au réel et aux seuls principes selon lesquels la vie est moralement, donc humainement, possible.
Menenius
Références
↑1 | https://www.ifop.com/publication/le-rapport-des-francais-a-la-religion/ |
---|---|
↑2 | Henri Bergson, Les Deux Sources de la morale et de la religion, Félix Alcan, 1937, p. 105. |
↑3 | https://www.lefigaro.fr/vox/societe/l-abstention-massive-manifestation-spectaculaire-d-une-crise-de-foirepublicaine-20210706. |
↑4 | Gentile E., « Fascism as Political Religion », Journal of Contemporary History, Mai-Juin, 1990, Vol. 25, No. 2/3, pp. 229-251 (traduction française https://viveleroy.net/aux-sources-de-la-religion-fasciste-par-emilio-gentile/). |
↑5 | Gentile E., « Fascisme, totalitarisme et religion politique : Définitions et réflexions critiques sur les critiques d’une interprétation », Raisons politiques, 2006/2 no 22, p. 121. |
↑6 | Aron R., L’âge des empires et l’avenir de la France, Ed. Défense de la France, 1946, p. 288. |
↑7 | Sironneau J.-P., « Eschatologie et décadence dans les « religions politiques », p. 1. |
↑8 | Peillon V., Une religion pour la République. La foi laïque de Ferdinand Buisson, Paris, Seuil, 2010. |
↑9 | Gentile E., « Fascisme, totalitarisme et religion politique : Définitions et réflexions critiques sur les critiques d’une interprétation », Raisons politiques, 2006/2 no 22, p. 121. |