Humeur : Pourquoi je ne veux pas de ce monde meilleur

Les problèmes d’éthique sont plus que jamais une réalité avec les «progrès» sociétaux et scientifiques sans cesse plus rapide. Alors ouvrons les yeux et regardons où nous sommes, où nous allons et surtout, où nous voulons aller.

Je rentrais tout guilleret d’une petite sortie en vélo lorsque je reçus un texto pour le moins déconcertant. Un ami m’avait envoyé un lien vers un article au titre fort accrocheur: «Si l’avortement est autorisé, l’infanticide doit l’être»… Cet article, posté sur www.genethique.org résume un papier paru Journal of Medical Ethics dans lequel des scientifiques australiens proposent d’éliminer les enfants à la naissance s’ils présentent des troubles qui auraient entraînés un avortement s’il avaient été détectés avant. À cela, deux arguments: ce qui peut s’appliquer au fœtus peut s’appliquer de manière cohérente au nouveau-né et que de toute façon, il n’y aurait pas de différence morale entre un fœtus et un nouveau né. Certains crieront au fake news ou à la non représentativité de ces chercheurs, mais ici ce n’est pas la question, je ne traiterai pas de l’avortement dans ce billet d’humeur.

J’ai juste ressenti une overdose d’informations. En effet, entre les bébés nés sans bras, la PMA pour tous, le pape fustigé pour ses opinions sur l’avortement mais englué dans les affaires de mœurs de l’église, sans compter la propagande vulgaire des médias dits traditionnels, j’ai craqué. J’ai tout de suite imaginé ce que serait le monde vu par les «progressistes» et les «trans-humanistes». Un monde où, les enfants naissent dans des éprouvettes sans parents naturels. Un monde où les mal formés, les handicapés, les blonds, les yeux verts, les gros nez, hop, éliminés à la naissance. Et pour aller plus loin, pourquoi pas un monde où les vieux, qui coûtent trop cher à la société seraient éliminés dans un grand carrousel à l’âge de 30 ans comme dans l’Âge de cristal. Un monde où les pauvres seraient transformés en barres protéinées genre Soleil Vert pour nourrir la classe moyenne. Un monde où notre gouvernement mondial nous dirait quoi penser en nous envoyant de la propagande subliminale pendant notre sommeil. Un monde meilleur en somme, un monde parfait.

J’en vois sourire en lisant mes inepties, mais regardez un peu où va notre environnement, où vont nos dirigeants, nos scientifiques. Certaines choses que je viens de citer existent déjà en version moins dure, malheureusement. Et oui, on sait concevoir des enfants sans parents; on enferme nos anciens dans des mouroirs en les spoliant de leurs ressources; si on ne donne pas encore de l’humain à manger, on nourrit nos vaches herbivores avec des farines animales; la propagande est partout, en permanence sous nos yeux, dans les médias, dans la rue, dans nos téléphones. On ne brûle plus les livres, c’est so old-school, on arrête juste de les éditer. L’humain est un produit, la nature une ressource, le temps du divertissement. Pain et jeux du cirque, plus puissant que le conditionnement hypnopédique et le Soma d’Aldous Huxley.

Une chose me donne de l’espoir, et ce n’est pas très joyeux. Nous sommes au début de graves crises sanitaires, migratoires, politiques. Les cartes vont être rebattues. Il y a 15 ans, je n’imaginais pas le voir de mon vivant. D’ici peu, nous aurons la possibilité de choisir dans quel monde nous voulons vivre, s’il nous reste encore un peu de force. Pour ma part, je dis non à leur monde déshumanisé, dénaturé. Je dis non à ce monde meilleur.

Canis Lupus